Le "lièvre du 11 novembre"
Le 11 novembre, en 2008, c'était un mardi.
Le Maître de RouXy était à la chasse.
À la chasse au lièvre.
C'était même le dernier jour de la chasse au lièvre, cette année-là.
Dans la matinée, les livreurs ont apporté le piano de ma Maîtresse.
Pour l'amener jusque dans la salle à manger, pas de problèmes – il était sur une espèce de luge.
Mais pour le monter à l'étage, là, il y avait besoin de sérieux renforts.
Mes Maîtres ont téléphoné au Maître de RouXy, sur son portable.
Il était précisément en train de courir après un lièvre…
Le Maître de RouXy a arrêté sa chasse et est venu apporter son aide pour le piano.
Mes Maîtres étaient désolés mais le Maître de RouXy a dit : "Il sera plus gros l'an prochain !"
Et depuis ce jour-là, le Maître de RouXy a rencontré de multiples fois "le lièvre du 11 novembre".
Il l'a poursuivi très souvent, avec l'aide de Bory, pendant la période de chasse.
Mais il l'a vu beaucoup plus souvent encore lors de ses promenades quotidiennes dans la montagne, en hiver, au printemps, en été.
C'était un mâle solitaire, très reconnaissable.
Leur dernière rencontre, c'était avant-hier, jeudi.
Et on est tristes.
C'était "quelqu'un", ce lièvre.
Quatre ans !
Mon Maître m'a expliqué que les chasseurs achetaient de petits lièvres dans des élevages et les lâchaient dans la montagne.
Sur trois lièvres achetés (*), un mourait sous les roues d'une auto en traversant une route, un autre de faim ou croqué par un renard.
Quant au troisième il pouvait espérer vivre trois ou quatre ans, s'il ne rencontrait pas de un chasseur pendant les quelques semaines où la chasse au lièvre est autorisée.
"Bien sûr," qu'il m'a dit, mon Maître, "on peut regretter que ce lièvre ne soit pas mort de sa belle mort, mais il avait vécu probablement plus de cinq ans de vraie "vie de lièvre". Pas comme tous ces animaux parqués dans des usines à viande pour nourrir les hommes et… fabriquer les croquettes des minets…"
(*) Ils les payent 100 € pièce…